L’ENTRÉE EN CRÉATION - L’ŒUVRE REVENDIQUÉE - LA DURETÉ DU MONDE RÉEL - GAMMES PICTURALES - PORTRAITS
José de Souza
L’ENTRÉE EN CRÉATION (2018)
Novembre 2018. Nous voici revenus sur l’île de Madeira, comme depuis plusieurs années à la même période.
Ce jour-là, c’est du côté de Ponta do Sol, sur une route qui monte vers le plateau aride de Paul da Serra.
À quelques kilomètres de Canhas, dans un virage à angle droit, un immense décor sculpté et coloré s’impose à l’attention.
Il occupe le flanc d’une falaise de terre ocre, de six à huit mètres de haut. La falaise est en arc de cercle. Au-devant se trouvent des ustensiles de chantier, des pots de peinture, des amas de pneus, ainsi qu’un abri à base de planches.
Rien de tel n’existait l’année précédente. Pour quelles raisons ce décor, surtout à cet endroit, loin de tout ?
Qui en a eu l’idée ?
C’est ainsi que je fais la connaissance de José, José de Sousa me précisera-t-il, ou José Meigalão selon la signature inscrite en rouge sur un muret (le premier nom est celui de son père, le second celui du père de sa femme).
Il est né à Funchal, peu après 1950. Faute d’emploi, il a émigré, en compagnie de sa femme, comme beaucoup d’autres sur l’île. Pour lui, ce fut Jersey où il est resté une grande partie de sa vie, 48 années si j’ai bien compris, avant de revenir au pays en 2017, au moment de la retraite. À Jersey, il a été maçon (pedreiro, m’écrit-il sur un bout de papier la première fois), ou peintre dans le bâtiment (painter houses, me dit-il une des fois suivantes).
Je prends quelques photos, une vue d’ensemble d’abord. Des zones aux tons différents se détachent. Elles correspondent aux trois phases de la création : zones de terre ocre et grumeleuse, soit la falaise dans son état originel ; zones enduites d’une sous-couche d’apprêt de couleur beige ou blanche, où sont visibles des formes sculptées ; zones composées de figures colorées, certaines immenses, qui représentent des animaux, en particulier un éléphant, un diplodocus.
Quand je lui demande d’où lui viennent ses idées, José me répond que c’est dans sa tête, et qu’il n'a pas de modèles. Mais pourquoi des animaux, et pas des fleurs, par exemple ?
Parce que c'est plus facile à sculpter et à peindre, à cause de leur taille, me répond-il.